Ta Mère a une stagiaire

Depuis le début de l’automne, Ta Mère a une stagiaire suisse. Elle souhaite garder son anonymat. Nous l’appellerons donc Swiss Cheese. Aujourd’hui, on n’avait pas grand chose à faire au bureau, alors on lui a demandé de nous écrire un billet pour le blog. Témoignage.

Ta Mère et moi – une love story

Ça fait déjà deux ans que je le dis à tout le monde autour de moi, dans ma petite Suisse natale, sans honte, sans pudeur, ça sort tout seul de moi, c’est des mots simples, mais qui signifient beaucoup, je le dis souvent, mais jamais à la légère : je suis amoureuse de ta mère.

La réaction c’est d’abord des sourcils froncés, évidemment, ça sent l’amour impur, la relation incestueuse, ou alors on m’explique, presque sans condescendance, que c’est parce que je n’y connais rien, attends un peu de voir d’autres choses et tu verras, tu comprendras, ta mère, ça sonne bizarre, c’est pas pour toi. Mais moi je suis toujours prête, j’ai toujours tout ce qu’il faut sur moi pour légitimer mon amour pour ta mère. Je sors les livres de mon sac à dos. Je donne de belles majuscules à Ta Mère, et je leur montre, moi, comment elle est belle Ta Mère, de plus en plus sexy, jour après jour, et puis à quel point elle est drôle et intelligente. Et quand elle te raconte une histoire, Ta Mère, c’est toujours un grand moment. Alors les petits suisses se ramollissent, ils me font de wow et des hahahaha. Les gens, quand je leur montre Ta Mère, c’est systématique, ils deviennent aussi niais et excités que moi.

Après, bon, c’est pas tout de persuader ton entourage que Ta Mère et moi c’est un bon match. Ça pourrait durer des années comme ça, une relation à sens unique, une dévotion attendrissante mais bien peu palpitante. Je ne voulais pas en rester là.

Alors j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai remballé mon orgueil d’Helvète et j’ai envoyé une déclaration d’amour à Ta Mère. Je proposais juste d’aller boire un verre, rien de trop engageant, un rendez-vous autour d’une bière pendant mon court séjour à Montréal. Ta Mère a répondu. Ta Mère a dit oui. Oh my.

Mais toutes les histoires d’amour commencent par une tragédie. Je n’ai jamais pu me rendre à Montréal en 2013. Une tragédie, je vous dis. Est-ce qu’on se laisse abattre par les signes du destin ? Non. Je suis revenue vers Ta Mère avec une lettre encore plus passionnée. J’aimerais qu’on se voie, mais pas juste pour une bière, j’aimerais qu’on se lance dans quelque chose de plus grand, de plus important.

C’est ainsi que Ta Mère m’a proposé de venir faire un stage.

Tout a cliqué très vite. Ta Mère et moi ça fonctionne, je crois. Paraît que j’augmente la productivité (ça doit être la rigueur suisse). Paraît que je m’en sors pas mal en PowerPoint. Paraît que c’est vraiment l’fun chez Ta Mère et que ça devrait continuer comme ça pour un bout encore.

Swiss Cheese

Portrait Swiss Cheese