Marie-Christine Lemieux-Couture

Marie-Christine Lemieux-Couture est née le seizième jour du neuvième mois de l’an 1980, ça, nous en sommes certains. Mais où ? Rien n’est moins sûr. Nombreux sont ceux qui affirment qu’elle serait née à plusieurs endroits en même temps, la frappant ainsi d’un étrange don d’ubiquité qui fit d’elle une éminente experte en matière de ce qui est destiné à l’inexistence. Fillette taciturne, elle commença à écrire avant de parler. Son air angélique saisissait d’une angoisse prenante quiconque observait cette manière qu’avait le monde de s’abimer dans son regard. À trois ans, elle publie son premier roman, Variations sur une fausse note, un exercice de style à saveur postmoderne qui tourne autour d’une citation de Pavese : « Tout cela me dégoute. / Pas de paroles. Un geste. Je n’écrirai plus. » Elle obtient le prix Femina. Deux ans plus tard, en 1985, elle publie Les vacarmes immédiats, un recueil de poésie lauréat du prix Émile-Nelligan, et La larme est la goutte qui fait déborder le corps, roman qui lui vaudra le Goncourt. Parmi ses œuvres les plus remarquables, citons : Outre-là (roman, 1987); Le vide est une ampoule incandescente (roman, 1988); Syncopes et suffocations (poésie, 1990); Code d’amoralité (aphorismes, 1993); La littérature est un tubercule (essai, 1994); Comme un silence qu’on entend pas (roman, 1996); Les solitudes invertébrées (poésie, 1997); Milles et une petites agonies (poésie, 1998); La nuit hurle comme un moteur gronde (roman, 1998). En 1999, elle prend la tête du journal Troupeau Servile et cumule scandale sur scandale. Au début de l’année 2000, elle disparait. Pendant les deux années qui suivirent : aucune trace d’elle. Certains iront jusqu’à affirmer qu’elle se serait volatilisée par combustion spontanée, d’autres affirmeront l’avoir vu, simultanément, en Californie et en Inde… Rien ne parait moins sûr. Elle réapparait subitement en 2002 et publie Les ordres décroissants, un récit décapant qui frôle la science-fiction dans l’univers post-apocalyptique d’une crise économique mondiale provoquée par l’écroulement de l’impérialisme américain. En 2003, elle publie Rétro Virus, un roman déjanté dont le narrateur se prénomme Sida ; puis, Autant d’asticots, un recueil de poèmes à saveur de commentaire social. En 2004, elle devient la plus jeune écrivain à être nobélisée et joue admirablement le rôle de Teïa dans la pièce Les guirlandes ombilicales. Si ses œuvres ont toujours reçu un accueil relativement mitigé, c’est la parution de Questions à plusieurs épines, un recueil de nouvelles, en 2006, qui lui vaut la mise à l’index. Ses cent nouvelles de trois pages chacune explorent les tabous de la société occidentale. Marie-Christine est forcée de s’exiler au Paraguay et refuse désormais que ses œuvres soient traduites en anglais. Elle se voit également forcée d’admettre qu’elle est le grand Génie incompris de ce Siècle. Toutes mes solitudes! est son premier livre chez Ta mère.