Infolettre #3

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat, Ta Mère a eu la fausse bonne idée de demander à Alexandre Fontaine Rousseau de prendre le contrôle de son infolettre.

Cette semaine, notre relation professionnelle avec Alexandre s’envenime…

 

Ça fait que l’autre jour, Maxime Raymond (NDLR : l’éditeur de Ta Mère, voir nos infolettres précédentes pour plus de détails) est venu me porter les deux plus récentes parutions des Éditions de Ta Mère chez moi – avant de me faire remarquer que ça pourrait être « intéressant, voire pertinent » de « parler des livres un peu » dans mon infolettre. Ç’a l’air que j’écris « juste des niaiseries » pis que c’est « même pas vrai » que Max veut tout abandonner pour déménager en Outaouais.

Yeah right.

Je l’ai remercié poliment après lui avoir dit que c’était une ben bonne idée. Puis, j’ai déposé les deux livres sur ma pile de trucs à lire, juste à côté de mon lit, en me disant que je m’occuperais de ça une fois que j’aurais terminé mon projet de me taper l’oeuvre entière de Michael Moorcock en essayant de comprendre concrètement le lien unissant Le cycle d’Elric (dix tomes) à La légende de Hawkmoon (sept tomes, publiés en deux cycles distincts).

Deux semaines plus tard, Maxime m’a appelé en me demandant comment ça avançait. « Ben finalement Max, c’est toute l’oeuvre de Moorcock qui existe dans une sorte d’univers cohérent pis même les quatre tomes des Aventures de Jerry Cornelius et le Cycle des Danseurs de la fin des temps sont liés à Elric… » C’est sur un ton que l’on pourrait qualifier d’irrité que Maxime m’a dit qu’il ne savait pas c’était qui, Michael Moorcock. « Ben oui tu sais c’est qui! »

« Non, Alex. Je sais pas c’est qui, Michael Moorcock. Pis j’m’en sacre un peu… »

« C’est un auteur britannique, mais il a aussi écrit des chansons pour Hawkwind pis Blue Öyster Cult… » Max m’a dit que ça avait l’air ben intéressant tout ça, mais qu’il se demandait aussi si j’avais eu le temps de lire Alice marche sur Fabrice et Dimanche. « Dans quel cycle ils s’inscrivent, ces deux livres là? Je suis pas sûr que ce soit des Michael Moorcock, honnêtement. » C’est là que je me suis rendu compte que je savais pu on était quelle date… pis que j’avais probablement passé deux semaines entières à lire des Michael Moorcock sans jamais sortir de mon appartement.

Shit.

Mais c’est pas grave, sérieux. Parce que j’ai été à l’université et que si y a ben une chose que les études supérieures m’ont apprise, c’est écrire des affaires sur des affaires que j’ai pas lues. Je détiens un baccalauréat en ça, faire les choses à la dernière minute. Pis tu sais ce qu’ils disent : si ça marche pour Gilles Deleuze, tu peux être sûr que ça marche pour le reste.

Ça fait que je lui ai dit que je lui envoyais ça d’ici une heure ou deux, pis j’ai mis la machine à bullshit en marche. Comme dans le temps. Anyway, les chroniqueurs culturels font tout le temps ça aussi, dire n’importe quoi.

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Alice marche sur Fabrice, de Rosalie Roy-Boucher

Dès la toute première phrase du roman de Rosalie Roy-Boucher, le lecteur comprend qu’il sera question de voyage : « Je suis arrivée hier au Puy. Vol direct jusqu’à Lyon. Vol à rabais. » Espace transitoire par excellence, l’aéroport évoque le changement. La protagoniste du livre de Roy-Boucher est d’ailleurs à un carrefour, dans sa vie. On devine qu’elle ne marchera pas concrètement sur Fabrice, mais qu’elle désire piétiner son souvenir. Marche-t-elle pour l’oublier, ou pour s’oublier elle-même?

 

Dimanche, de Jérôme Baril

Avec un titre comme Dimanche, on se doute bien du fait que la poésie de Jérôme Baril traitera du quotidien. Mais pourquoi dimanche? Pourquoi pas samedi? Pourquoi ce jour plutôt qu’un autre? Parce qu’il s’agit, sans doute, de celui qui reflète le mieux l’intériorité du personnage principal. On peut échapper à la semaine, au travail. Mais on ne peut pas échapper à soi-même. Seul face à lui-même, sur la couverture du livre, notre héros s’observe dans un miroir. Mais la question demeure : se réfléchit-il vraiment, face à cette réflexion?

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Pour une raison qui m’échappe toujours, Maxime a pas eu l’air ben impressionné quand je lui ai remis ça.

Mais si vous êtes à Québec cette semaine et que vous désirez en savoir plus sur ces deux livres, sachez que Rosalie Roy-Boucher et Jérôme Baril seront au Salon international du livre de Québec. Ils ont non seulement lu leur livre, mais ils l’ont écrit en plus. Alors ils en savent vraiment beaucoup sur leur propre travail – et seront (probablement) en mesure de répondre à toutes vos questions.

Veuillez consulter l’horaire de dédicaces pour connaître leurs disponibilités respectives, de même que celles de tout le monde qui sera présent lors de l’événement!