Infolettre #27

15 mars 2024

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Anita Anand nous raconte la genèse de Une convergence de solitudes

Selon mon amie l’écrivaine Juliana Léveillé-Trudel, écrire un roman, c’est comme faire une grosse peinture qui se répand et qui a l’envergure de plusieurs pièces d’une maison multi-étages. Dans le sens où c’est vraiment difficile de se rappeler ce qu’on a fait, et où ça se trouve. Et puis, une fois terminé, de se rappeler comment on l’a fait.

Je me souviens pourtant de ce qui fut l’élan premier de ce projet. J’ai aperçu un musicien connu en train de boire seul à la terrasse d’un restaurant. J’étais avec mon mari, qui l’avait reconnu avant moi. Nous avons chuchoté à son sujet. Quand nous sommes revenus à la maison, j’ai écrit une scène du point de vue de la vedette, à quel point il devait se sentir espionné. Beaucoup plus tard, je lui ai imaginé une famille. Et c’est comme ça que le roman a commencé à prendre forme.

Parmi ce qui m’a inspirée, il y avait aussi l’envie de raconter l’histoire d’amour de mes parents. Ils se sont connus au moment de la partition de l’Inde à la suite de la décolonisation en 1947. Se sont perdus et ensuite retrouvés. J’ai toujours trouvé l’histoire de leur rencontre follement romantique. Pour la lier à la première histoire, je leur ai inventé une nouvelle fille, celle-ci obsédée par le musicien.

J’ai fini par écrire un roman historique qui s’étend sur cinquante ans et se déroule dans trois pays différents. J’ai dû faire beaucoup de recherches afin d’ancrer ces histoires dans une réalité objective. J’ai lu des récits à la première personne de la partition de l’Inde. J’ai parlé à des membres de ma famille, surtout à ma mère, qui a vécu ce déchirement. J’ai lu la biographie d’un musicien qui a affronté et vaincu son alcoolisme et j’ai regardé des vidéos de ses concerts. J’ai écouté sa musique pendant que j’écrivais. Je suis retournée dans ce quartier où mon chum et moi l’avions repéré, en me demandant ce qu’une stalkeuse aurait fait pour s’approcher de lui.

Un de mes personnages a été adopté d’une façon très irrégulière du Vietnam. En me documentant sur l’Opération Babylift, je suis tombée sur un discours de la journaliste australienne Cath Turner. Elle témoigne de manière extrêmement émouvante de son expérience d’orpheline originaire de Hô Chi Minh. Elle soutient avoir été enlevée à sa famille; en fait, elle dit qu’elle a été volée. Je l’ai contactée et nous en avons discuté longuement. Elle semblait vivement intéressée à livrer son histoire et à contribuer à mon livre en me confiant ses sentiments et ses opinions.

C’était important pour moi de bien raconter son histoire. Je suis allée sur des forums de discussion en ligne lire des conversations entre des personnes adoptées cherchant à remonter le fil de leurs origines. J’ai été heureuse de confirmer mes instincts quant à l’expérience vécue d’une personne adoptée.

À travers ce cheminement, j’ai découvert que je pouvais écrire un roman. l’achèvement de ce projet a démystifié le processus pour moi. En revanche, je sais maintenant à quel point c’est un accomplissement difficile. Ça m’a permis de mieux apprécier les livres que je lis. Je vois à quel point ça a dû être ardu de les écrire. De plus, je remarque pour la première fois leurs petits défauts et imperfections, certains raccourcis, des incohérences dans l’histoire et dans les portraits des personnages, un petit manque de rigueur dans la manière de permettre au lecteur de découvrir leurs motivations. Des phrases trop précieusement ciselées. Je me rends compte que les romans que je considérais jadis comme aboutis, écrits par des auteurs qui sont des génies à mes yeux, ont toutes sortes de failles. Autrement dit, le roman parfait n’existe pas, mais un bon roman demeure bon malgré ses failles. Croyez-le ou non, cette constatation m’a bouleversée. Grâce à l’imagination du lecteur, la lecture d’un roman, aussi imparfait soit-il, demeure une expérience saisissante, enrichissante et transformatrice.

 

 

Infolettre #26 – Celle de Noël

18 Décembre 2023

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Audrey Hébert devient journaliste de terrain et nous amène à la parade du père Noël…

What’s up les gurls. Ici Audrey Hébert, la Christmas time lover.
 
Aujourd’hui, c’est la parade du père Noël. J’ai-tu besoin de te dire que le HochelaGurls Crew est là pour rock le party?!
 
En métro depuis le hood, Noémie et Salomé chantent des hits de Noël de France Sinatra. Déjà half drunk, mes gurls hurlent JOY TO HOCHELAG! Ambiance pas mal festive!
 
Sur place, il y a du para pa pam pam dans les airs et 12 trillions de minigurls dans leur carrosse qui capotent leur vie! Faut que j’avoue qu’on est surtout là pour envoyer des woot woot à Farah Alibay, aka la fée des étoiles la plus cooooool d’une galaxie près de chez nous!
 
Pendant le défilé, Gretchen et Ève lancent des balles faites avec la neige de leur congélateur. Marie applaudit sans mitaines siiiiiii longtemps que ses mains deviennent bleu da ba dee da ba di. Oupsie Marie, arrête parce que It’s Beginning to Look a Lot Like des engelures. Lol! Je lui donne mes gants roses et j’enfile des petits gants magiques. Mandy ma Gurl in a white dress with blue satin sash attire les regards. Chloé chante I’m a little Christmas cracker en lançant des pétards par terre. Pas drôle quand les forces de l’ordre partent avec elle.
 
La prestation finale de Gurlz n da Hood est top notch! Fuuuuuucking fière! Gurls Power 4ever!
 
Hey les organisatrices! Mandy aimerait être la fée des étoiles en 2024. Elle ressemble à Elsa dans Frozen et possède un postdoc en philo. My gurl has a big brain. Si vous l’engagez, je promets de donner une bouteille de Sour Puss aux betteraves à chacune d’entre vous et un exemplaire de Critique de la faculté de juger de Kant à chaque Uqamienne dans le besoin.
 
Après le défilé, on achète des boissons funky au Starbucks. Cappuccino à saveur de gâteau aux fruits, chocolat chaud Nutella et Paxil, latte toffee et crème fouettée avec un Ferrero Rocher on top. Oh yes! Pour manger, des Teenage Mutant Ninja Turtles de Noël avec plein de bonnes pacanes (miam miam miam miam).
 
Le sucre dans le sang, le corps penché par en avant, on a envie de vomir. So pour se changer les idées, on va magasiner des cadeaux pour Ta Mère. Chez UNIQLO, on trouve des doudous full douces, parce que maman mérite d’être au chaud pour l’hiver (viva le cocooning). Chez Indigo, on achète des livres trop cool. Rimes pauvres et tats laids par Claude Bégin chez Poètes de brousse, Shit que je chus riche en criss par Mariah Carey à L’Hexagone, Gomme balloune, lean et edibles par Cœur de Pirate à L’Oie de Cravan et Le rouleau de cennes noires du quotidien par Grand-Papa Bi aux Écrits des Forges. Ta Mère va rigoler ce Noël!
 
Ah non, Audrey! Tu viens pas de dire quels cadeaux tu as achetés à Ta Mère dans l’infolettre de décembre des Éditions de Ta Mère? Bravo pour l’effet de surprise! All right gurl. Va chez Lush et achète-lui une boite spéciale avec exfoliant aux Froot Loops, hydratant pour le visage à l’intelligence artificielle, lotion corporelle aux grands sapins verts (oh), bombe pour le bain Slush Puppie et beurre pour les lèvres Becel. Mais ne lui dis pas, cette fois-ci!
 
De retour vers Hochelag, Salo se fait draguer par un dude trop lourd sur la ligne verte. Ça me rend sad de voir encore ce genre de fucking attitude. Ça me rappelle surtout les mononcles dans les partys de Noël… Gurl, je sais que tu vas peut-être devoir en affronter un cette année. Un sinistre personnage qui va te vanter le bilan de la CAQ et qui va disser Barbada.
 
Still, rappelle-toi que je suis de ton bord et que je t’envoie une tonne de luv. Je te le promets, on va vaincre le patriarcat et la masculinité toxique avec nos cannes de Noël en bonbons!
 
Joyeux temps des fêtes, gurl!
 

 

 

Salon du livre de Montréal 2023

13 novembre 2023

C’est bientôt! 
Voici l’horaire de nos auteur.rices, si vous voulez préparer d’avance vos horaires de lecteur.rices. Ta Mère sera au kiosque 1605.

Jean-Philippe Baril Guérard
Dédicaces
Jeudi 23 nov. – 20h à 21h
Dimanche 26 nov. – 11h à 12h et 14h à 15h30
aussi!
Jeudi 23 nov. – 18h30 à 19h15
Grand entretien avec Dominic Tardif à l’espace littéraire
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h 
Prescriptions littéraires à la maison des libraires

Sarah Berthiaume
Jeudi 23 nov. – 17h à 18h
Samedi 25 nov. – 12h à 13h et 15h à 16h
Dimanche 26 nov. – 14h à 15h
aussi! 
Dimanche 26 nov. – 15h45 à 16h30
Rencontre avec Mélikah Abdelmoumen à l’espace littéraire

Rébecca Déraspe
Samedi 25 nov. – 14h à 15h et 16h à 17h
Dimanche 26 nov. – 13h à 14h

Carolanne Foucher
Dédicaces
Jeudi 23 nov. – 18h à 19h
Samedi 25 nov. – 12h à 13h

Baron Marc-André Lévesque

Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 15h à 16h
Samedi 25 nov. – 11h à 12h et 14h à 15h
aussi!
Vendredi 24 nov. – 13h à 14h 
Prescriptions littéraires à la maison des libraires
Dimanche 26 nov. – 11h30 à 12h
Conversation crétacée : discussion autour des dinosaures avec Julien Paré-Sorel à l’espace littéraire

Olivier Lussier
Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 19h à 20h
Samedi 25 nov. – 11h à 12h et 15h à 16h

Maude Nepveu-Villeneuve
Mercredi 22 nov. – 14h à 15h
Samedi 25 nov. – 13h à 14h
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h

Olivier Niquet
Vendredi 24 nov. – 18h à 19h30
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h30
aussi!
Vendredi 24 nov. – 17h à 18h
Prescriptions littéraires à la maison des libraires

Hilaire St-Laurent
Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 18h à 19h
Samedi 25 nov. – 13h à 14h et 16h à 17h



 

 

 

 

 

Infolettre #25

13 octobre 2023

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Olivier Lussier (auteur de Cariacou) qui ne voulait pas trop faire d’effort non plus, nous a refilé le texte inédit qu’il a écrit pour l’émission Les idées folles. Si vous voulez être dans la gang et pas trop vous forcer vous non plus, vous pouvez vous éviter de la lecture et plutôt écouter le texte ici.

Rien peut réellement nous préparer à la chasse parce que la chasse, la vraie, par sa définition, se conclut par la mort. La fin c’est tuer quelque chose, prendre sa vie, s’imposer devant ce qui brille et l’éteindre. Y a pas de communion avec un animal mort. Y a les remerciements, les cérémonies, le respect, mais y a pas de communion. Y a le chasseur devant une carcasse. C’était en vie, ce l’est pu. La chasse c’est plein de choses, mais c’est aussi augmenter la vitesse à laquelle elles s’éteignent.

Rien ne nous prépare à ça, pas un livre de poèmes avec des trucs niaiseux dedans, pas la lecture d’un texte à la radio, pas une journée de formation dans une salle paroissiale qui sent l’café, entouré de bonhommes qui veulent remplir le congel après avoir suivi le cours de maniement d’armes.

Peu importe le nombre de vidéos d’éviscération que tu checkes, peu importe le nombre de flèches que tu tires dans les cibles 3D hautement réalistes de ton club d’archerie, peu importe les exercices de visualisation que tu fais dans ta cache en attendant la bête, rien te prépare à l’avoir dans ta mire pis à te faire surprendre par l’éclat de la déflagration qui se reflète dans des yeux noirs soudainement saisis de la mort.

La chasse c’est attendre dans le bois avec une arme chargée dans un but précis. 

*** 
Rien ne peut réellement nous préparer à la poésie : la poésie, la vraie, c’est une déflagration inattendue, c’est la balle perdue qui te siffle su’l bord des oreilles, c’est avoir le souffle coupé, les yeux pleins d’eau, c’est mourir un peu devant des vers qui parfois ne tuent que toi, dans une salle pleine et en silence ou dans ton salon seul le soir, c’est quelques mots qui te renversent pourtant t’étais là t’étais là ben tranquille à attendre à flâner d’une chaise au bar au vestiaire à la ruelle à la chaise au bar t’es dans une soirée de poésie tu t’en es même pas rendu compte pis d’un coup la déflagration du tir te suspend dans les airs.

Les vers sont parfois dévastateurs. On les lit et ils nous changent brusquement comme un rêve qui vire mal comme se faire surprendre en flagrant délit comme une idée folle passagère comme réaliser que nos souvenirs disparaissent et nous échappent lentement – si la poésie n’était pas si puissante, pourquoi on y mettrait tout ce temps?

Quelque chose naît, quelque chose meurt, quelque chose nous chamboule ou rien du tout ne nous chamboule et la vie continue.

Infolettre #24

21 août 2023

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Sarah Berthiaume transforme notre infolettre en genre de Pop Up Video pour sa pièce Wollstonecraft, récemment publiée.

Salut à toi, lectorat de Ta Mère.
 
Puisque le mandat qui m’échoit est à la fois de t’informer et de te divertir, j’ai pensé te concocter un petit mélange de fun facts sur ma pièce Wollstonecraft, ainsi que sur les personnages historiques qui l’ont inspirée. Connais-tu bien Mary Shelley et sa gang de gothiques? C’est ce que tu découvriras en lisant ce qui suit! 

  • Le titre Wollstonecraft fait référence au middle name de Mary W. Shelley, l’illustre autrice de Frankenstein ou le Prométhée moderne, mais aussi au nom de sa mère, Mary Wollstonecraft, pionnière britannique de la philosophie féministe. Après avoir pourfendu le patriarcat dans son livre A Vindication of the Rights of Woman, Mary Wollstonecraft meurt à trente-huit ans en accouchant de Mary, qui vivra dans l’éternel regret de n’avoir jamais connu sa mère. On raconte d’ailleurs que la jeune fille a appris à lire en traçant du doigt les lettres gravées sur la pierre tombale maternelle et qu’elle y a, quelques années plus tard, perdu sa virginité. (Vous avez dit gothique?)

  • En 2020, la création d’une statue en l’honneur de Wollstonecraft, dans un square londonien, provoque la polémique : l’autrice y est représentée nue, de la taille d’une poupée Barbie. Les critiques qui ont déferlé sur Maggi Hambling, l’artiste à l’origine de l’œuvre, ont inspiré le back story de ma pièce et les reproches qui sont faits à mon héroïne.

  • Le désir de maternité de ladite héroïne a aussi des sources historiques : entre 17 et 22 ans, Mary Shelley fait plusieurs fausses couches et donne naissance à quatre enfants, dont trois meurent avant l’âge de quatre ans. Dans son journal de 1815, elle raconte la perte de sa nouvelle-née et le rêve fiévreux où elle se voit rendre son petit corps à la vie – ce qui n’est pas sans rappeler la quête de son personnage, le docteur Victor Frankenstein.

  • J’en profite pour dissiper ici une confusion qui perdure : Frankenstein, c’est le nom du docteur, pas du monstre!

  • Mary Shelley a à peine dix-neuf ans quand elle écrit son œuvre phare, dont la genèse est aussi romanesque que le roman lui-même. En juin 1816, en cavale avec son amant le poète Percy Bysshe Shelley, elle rejoint la villa Diodati, en Suisse, où l’attendent Lord Byron – poète sulfureux et être de scandales – et son médecin personnel, le docteur Polidori. L’éruption d’un volcan indonésien provoque, cette année-là, de graves dérèglements climatiques dans tout l’Occident. Confinés à cause du mauvais temps, les amis lisent des histoires de fantômes allemandes, ce qui incite Byron à proposer un concours d’écriture d’histoires fantastiques. Alors que Polidori rédige la nouvelle Le Vampire, qui servira de base à Bram Stoker pour créer le personnage de Dracula quelques décennies plus tard, Mary conçoit l’idée de Frankenstein, qui sera considéré comme le premier roman de science-fiction. Grosse nuit!   

  • Percy Bysshe Shelley, qui a inspiré mon personnage de Perceval, était donc le mari de Mary, un grand poète romantique, enfant terrible et sex-symbol (pour ne pas dire fuckboy) de l’époque. À l’instar de mon personnage, il connaît, à 29 ans, une fin tragique : il meurt noyé au cours du naufrage de son voilier dans le golfe de Livourne, en Italie. Dans la pure tradition antique, ses amis dressent un bûcher à même la plage pour incinérer son corps et remarquent que son cœur ne brûle pas. (Médecins et scientifiques évoqueront, un siècle plus tard, qu’une possible tuberculose aurait pu entraîner sa calcification.) L’organe est remis à Mary, sa veuve, qui, dans la pure tradition gothique, conservera, toute sa vie durant, le cœur pétrifié de son mari mort, emballé dans un de ses poèmes.

  • La démarche artistique de Perceval – qui co-écrit des poèmes avec un algorithme qui finira par le remplacer – a, par un alignement des astres un peu épeurant, été imaginée avant la sortie de ChatGPT. Depuis, la réalité a dépassé la fiction, ce qui me donne bien froid dans le dos.

  • Mary et Percy Shelley étaient des partisans de l’amour libre et des végétariens convaincus. Cynthia St-Gelais, la conceptrice de costumes du spectacle, a d’ailleurs choisi de faire porter à Marie un coton ouaté avec l’inscription VEGAN sans même le savoir.

  • Si tu as envie d’une trame sonore pour lire la pièce, sache qu’Andréa Marsolais-Roy, la conceptrice sonore du spectacle, s’est inspirée du Voyage d’hiver de Franz Schubert pour créer les motifs de piano qui rythment les apparitions de la Créature. Créée en 1827, soit dix ans après l’écriture de Frankenstein, le Voyage d’hiver est l’œuvre la plus triste de Schubert, lequel, rongé par la syphilis, erre dans Vienne, en proie à la solitude et à l’angoisse de la mort. Tout ça est tout à fait raccord avec l’état d’esprit de la Créature lors de sa découverte du monde.

  • Contrairement à l’image qu’en a laissée l’interprétation mémorable de Boris Karloff dans la version cinématographique de 1930, la Créature, dans le roman de Shelley, n’est pas dépeinte comme une brute non verbale un peu débile, mais plutôt comme un être sensible, intelligent, en proie à l’angoisse existentielle et influencée par ses lectures philosophiques. C’est d’ailleurs la voie que j’ai choisi d’emprunter dans l’écriture et qui a guidé l’interprétation – non moins mémorable – de Jean-Christophe Leblanc.

  • Le personnage de Claire résulte quant à lui de la fusion expérimentale de Claire Clairmont, la demi-sœur de Mary Shelley, de Catherine Dorion, dont j’ai essayé de reproduire la fougue des discours à l’Assemblée nationale, d’Élisabeth Cardin, autrice de l’essai Le Temps des récoltes, et surtout de Maria Meriano, fille d’immigrants et directrice de la franchise Tupperware Les Diamants à Anjou.

  • Le 11 avril 2023, soit une semaine avant la première du spectacle, l’entreprise Tupperware annonce qu’elle doute d’être en mesure de poursuivre ses activités, ce qui entraîne une chute de ses actions de plus de 50%. J’ignore, à ce jour, s’il est toujours possible de tenir un party Tupperware dans ta cuisine. Si oui, c’est sans doute ta dernière chance : saisis-la!

  • Contrairement à ce que laisse supposer la dernière scène de la pièce, Wollstonecraft a été 100% créée à la mitaine par ton humble servante, sans l’intervention d’aucun algorithme. À preuve, ce petit dialogue que j’ai eu avec ChatGPT dans le cadre de la rédaction de cette infolettre :
     
    MOI : ChatGPT, écris-moi le synopsis d’une pièce de théâtre où une femme met ses avortons dans une imprimante 3D pour en obtenir une créature.
     
    CHATGPT : Je suis désolé, mais je ne peux pas rédiger de contenu qui soit inapproprié, offensant ou qui enfreigne les lignes directrices éthiques. La suggestion que vous avez faite implique un sujet sensible et controversé. Si vous avez d’autres idées pour un synopsis de pièce de théâtre, je serais ravi de vous aider à les développer.

Comme quoi les auteur.ice.s ne sont pas encore complètement dépassé.e.s par la technologie!
 
Bien à toi,
 
Sarah

Ta Mère à l’école

17 août 2023

Cet été, Ta Mère n’a pas pris de vacances et a concocté un lot de nouvelles fiches pédagogiques pas piquées des vers, prêtes à être utilisées par les profs de cégep!
Elles sont toutes gratuites, en couleurs et disponibles ici.

Infolettre extraordinaire

11 août 2023

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre. Aujourd’hui, 12 août, journée internationale du livre québécois, quelques autrices, auteurs, créateurs et créatrices s’unissent dans cette infolettre extraordinaire pour vous suggérer des lectures made in Québec.

Olivier Lussier, auteur de Cariacou, un récit poétique à paraître en septembre, suggère La société de provocation, de Dahlia Namian, parce que cette lecture lui a donné accès à toutes les justifications rationnelles nécessaires pour bâtir un argumentaire cohérent justifiant sa haine des riches.

Simon Boulerice suggère Sa belle mort, de Sarah Desrosiers, pour sa sincérité étincelante. 

Alexandre Castonguay vient de lire Le poids de la neige, de Christian Guay Poliquin. Il dit : « Une personne que j’aime m’a mis ce livre entre les mains sans rien me dire d’autre que “Lis ça”. Ce que j’ai fait, lentement, en savourant. OK, les personnages, OK, la situation et l’intrigue, mais toutes les façons d’écrire l’hiver, c’est ça qui m’a le plus fait vibrer parce que, vivant en Abitibi, mon rapport avec cette saison est passionnel, même si j’ai pas de skis de fond. »

Maude Nepveu-Villeneuve recommande Habiter nos corps, de Caroline Arbour, parce qu’il faut cesser de banaliser la douleur des femmes et parce qu’on peut tous.te.s apprendre à mieux vivre dans nos corps.

Audrey Hébert suggère Ghost, de Maude Veilleux, parce qu’elle adore les spin-offs de Ghostbusters.

Sophie Jeukens suggère Exosquelette, de Chloé LaDuchesse, parce que ça parle de feu, d’amour, de corps, de poésie pis de fins du monde. Faque. Qu’est-ce qu’on pourrait vouloir de plus, vraiment?

Sarah Berthiaume, qui a lancé Wollstonecraft cette semaine, recommande Le mur mitoyen, de Catherine Leroux, parce que c’est un livre tissé comme une broderie fine, avec des motifs fous et aucun fil qui dépasse. 

Olivier Morin recommande Granby au passé simple, d’Akim Gagnon, un bouquet de souvenirs de jeunesse racontant avec un humour féroce et tendre les déboires de son père, un bonhomme émotionnellement maladroit.

Timothée-William Lapointe, après mûre réflexion, recommande le roman L’évasion d’Arthur ou La commune d’Hochelaga, de Simon Leduc. Parce que c’est à se taper sur les cuisses, ambitieux, politique, poétique. The whole shebang.
 
Olivier Niquet propose Arsenic mon amour, une correspondance entre Jean-Lou David et Gabrielle Izaguirré-Falardeau sur les « retombées » de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda. C’est engagé, c’est poétique, ça donne des frissons.

Baron Marc-André Lévesque, qui fera paraître Tricératopcanon cet automne, recommande La chienne de Pavlov, de Cato Fortin, parce que c’est brillant, coquin, touchant, c’est le roman le plus humain qu’il a lu depuis un bout et sa lecture la plus rocambolesque. Vous n’en reviendrez pas, qu’il dit. 

Marie-Claude Pouliot, employée de Ta Mère, recommande vivement Shérif Junior, de Samuel Cantin, la meilleure bande dessinée de 450 pages se passant à Sorel qu’elle a lue. 

Stéphane Girard suggère Mettre la mort à l’agenda, d’Antoine Bédard, car il n’y a rien de plus estival et de plus festif qu’un agenda bien mis.

Pour un road trip au bout du territoire sans avoir à dépenser une cenne de fuel et pour un voyage dans le temps à la rencontre des truckeurs, cette peuplade en voie d’extinction, Alexandre Dostie suggère Du diesel dans les veines, de Serge Bouchard.

Frédérique Marseille suggère À boutte, de Véronique Grenier, à quiconque a besoin de valider sa Grande Fatigue (warning : un des effets secondaires de cette lecture est la propension à lâcher sa job, abandonner enfants et mari et s’acheter un lit king aux draps en soie afin d’y dormir pendant 9 mois).

Ta Mère dans tes oreilles! (prise 2)

27 juillet 2023

On est très enthousiastes de vous présenter nos cinq nouveaux livres audios : des récits aux formes diverses, habilement lus par leurs auteur.ices, avec un habillage sonore exquis signé Transistor média.

 

Des livres parfaits pour remplir votre nouveau iPod, disponibles sur leslibraires.ca et sur narra.audio!

Originalement écrit pour la radio dans le cadre du combat des mots de la défunte émission Plus on est de fous, plus on lit!, Combattre le why-why est ensuite devenu une pièce de théâtre, puis un livre, pour finalement revenir dans vos oreilles sous la forme d’un livre audio.

Avec humour et profondeur, l’autrice aborde des thèmes qui lui sont chers, comme l’art, l’amitié ou le féminisme, tout en répondant une fois pour toutes à la question fondamentale : c’est quoi, ça, le why-why? À écouter quand vous êtes un peu en crisse et que vous prenez une marche pour ventiler.

Pour écouter un extrait, c’est ici

Retomber amoureuse de son ex du secondaire, c’est surprenant. Découvrir qu’on est enceinte quand c’était pas prévu, ce l’est encore plus. Lu par l’autrice de manière sensible et décomplexée, Deux et demie accompagnera parfaitement votre prochain grand ménage d’appartement.

Pour écouter un extrait, c’est ici

À douze ans, on découvre à Camille une tumeur à la moelle épinière. Elle entre alors dans un univers médical opaque et absurde, harnachée à ses parents qui souffrent avec elle, à un âge où elle devrait apprendre à s’éloigner d’eux. Plutôt que d’aller magasiner dans la section Twik du Simons comme les autres filles, elle assistera impuissante à la transformation de son corps, espérant littéralement survivre à la puberté.

Lu par l’autrice avec délicatesse et aplomb, Dis merci est le compagnon parfait de votre prochain congé maladie.

Pour écouter un extrait, c’est ici

Dans J’attends l’autobus, tu vas être un Français qui travaille la nuit au Couche-Tard du terminus d’autobus de Montréal, OK? Moi, j’vais déposer une revue sur ton comptoir pis, pour plein de raisons, à ce moment précis va naître une relation d’amitié entre nous deux. Tu vas m’parler de toi, pis moi j’vais te parler de chemins, de réseaux, de véhicules, de rester, de partir, de mon frère à’ mine, de Johanne au Fameux, des institutions culturelles qui en ont rien à chier des régions, de la difficulté d’être un artiste qui veut vivre pis travailler en dehors de Montréal pis d’plein d’autres affaires.

J’vais laisser dérouler ma pensée dans l’temps pis sur le territoire au travers des allers-retours Montréal-Rouyn que je fais pour ma job. Je suis travailleur autonome. Comédien.

Lu par l’auteur de sa voix enveloppante, J’attends l’autobus est la trame sonore parfaite de votre prochain road trip vers le Nord.

Pour écouter un extrait, c’est ici

Baron Marc-André Lévesque et Timothée-William Lapointe narrent cet audioguide d’un Verdun parallèle et fantasmé où l’on croise une ogresse qui gagne des concours de mangeage de roteux, où l’on découvre un système de recyclage de voitures spectaculaire, où l’on entre dans un bar miniature qui a été découvert par une fourmi, où l’on rencontre un gars du dépanneur toujours souriant. À écouter la prochaine fois que vous vous perdez en ville.

Pour écouter un extrait, c’est ici