Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Cette semaine, Maude Jarry nous parle du processus d’écriture de son premier roman,  La mère des larves, et d’un tas d’affaires que Ta Mère trouve un peu dégueu…

Alors le voici le voilà, le roman que t’attendais pas pantoute : La mère des larves est enfin arrivé en librairie ! 

Je dois te confier que, quand j’ai commencé à le rédiger, je n’avais aucune estifie d’idée d’à quel point l’écriture d’un roman s’avérerait un processus long et fastidieux. En comparaison, c’est pas qu’écrire de la poésie, ça équivaut à se pogner le cul, mais oui, quand même un peu. Lorsque j’ai enfin remis la première version de ce roman à Maxime, mon éditeur, il s’est empressé de me féliciter : Bravo ! Mais t’as quatre histoires là-dedans. Là, va falloir que t’en choisisses rien qu’une. 

J’ai donc passé près de trois ans à écrire — et surtout réécrire — ce livre, tellement qu’il en existe plus d’une quinzaine de versions. Il y a notamment celle où j’ai décidé de réécrire ma narration au complet à la première personne, celle où j’ai coupé quatre (!) personnages, ou encore celle où Sarah, ma protagoniste, a vu sa profession passer de caissière de banque à technicienne en santé animale ! Bref, des changements mineurs !

C’est un tantinet ardu de parler de La mère des larves sans rien divulgâcher de son intrigue, mais je t’ai tout de même concocté la liste des choses que tu risques de ne plus jamais percevoir de la même manière après en avoir terminé la lecture :

• Les perles de bain des années 90
• La Vierge Marie
• La butte du parc Pélican dans Rosemont
• Le Spa Eastman
• Les trompes de Fallope
• Les peaux de raisin
• Les Pap tests
• Les cercueils en métal
• Le vin nature
• Rihanna 
• Les moutons
• Les narines d’un cadavre
• Le caca de chien
• Les pizzas pochettes
• Le Metaxa

La mère des larves, c’est aussi un livre super éducatif où tu auras l’occasion de bonifier ta culture générale et de booster tes aptitudes au Scrabble en y lisant des mots variés comme fistules oronasales, scapulaire, ascaris lombricoïde, kyrie, nématode, et tout un tas d’autres termes que je m’abstiendrai d’écrire ici pour ne rien te spoiler. 

Ça m’amène à te lancer cet avertissement : toutes les personnes qui l’ont lu s’entendent pour dire que La mère des larves est un livre dont on google le contenu à ses risques et périls. Sache que, Ta Mère et moi-même, on se dédouane entièrement des cauchemars que tu pourrais faire ou de l’envie très forte qui pourrait te prendre de hurler à ta fenêtre si, au cours de ta lecture, tu avais le malheur de chercher certains termes dans ton navigateur internet. Si tu as l’audace de consulter ton moteur de recherche, sois bien conscient qu’une fois que les images se seront affichées à l’écran, tu ne pourras plus jamais les oublier. What has been seen cannot be unseen. Tiens-toi-le pour dit! :) 

 

 

Cette année encore, Ta Mère sera bien entourée au Salon international du livre de Québec. Venez rencontrer nos auteur.rices! (Et oui, il nous reste des tattoos.)

Akena Okoko
Mercredi – 17h à 18h
Jeudi – 16h à 18h
Vendredi – 15h à 16h

Timothée-William Lapointe
Vendredi – 13h à 14h / 17h à 18h
Samedi – 12h à 13h / 15h30 à 17h

Carl Bessette
Vendredi – 14h à 15h / 18h à 19h
Samedi – 13h à 14h / 17h à 18h
Dimanche – 12h à 14h

Samuel Cantin
Vendredi – 16h à 17h

Maude Nepveu-Villeneuve
Samedi – 11h à 12h

François Ruel-Côté
Samedi – 14h à 15h30

Carolanne Foucher
Vendredi – 19h à 20h
Samedi – 11h à 12h

Maude Jarry
Samedi – 14h à 15h
Dimanche – 11h à 12h

 

 

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de
sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Cette semaine, Akena Okoko partage avec nous un texte inédit, écrit à l’origine pour son recueil
Les cennes noires. On se souvient pu exactement de la raison pour laquelle le texte a été retiré du manuscrit; c’est mystérieux, la création… En tout cas. On l’aime beaucoup! 


LES PATRONS

Il n’y a pas seulement les immeubles
Qui ont des propriétaires
Les rues aussi ont leurs propriétaires

Toutes les rues
Que nous avons habitées en ville
Étaient surveillées par un patron
Qui ne se tient jamais loin de son profit
Entre le dépanneur et son bureau

Son bureau était habituellement
Un endroit précis sur le trottoir
Ou sur les marches
D’une porte peu utilisée

À Montréal sur la rue Sicard par exemple
Qui porte le nom de l’inventeur de la souffleuse
Le patron était en poste si tôt le matin
Qu’il semblait ne pas avoir dormi de la nuit

Peut-être était-ce à cause
Du gallon de Coke qu’il buvait tous les jours ?

L’hiver le froid le soufflait
Vers on ne sait trop où
Puis il reprenait le contrôle de sa rue
D’avril à novembre

Les patrons sont souvent
Des vieux hommes assis
Barbus et grisonnants
Dont on ne pourrait dire
S’ils ont eu une autre vie avant

Sinon une femme debout
À l’intersection
Qui n’a pas revu son enfant
Depuis le gros party du bogue de l’an 2000

Leur regard à la fois profond et effacé
Vous donne l’impression
D’être devant un miroir

Celui de la 2e rue à Limoilou
Était un bizouneur
Qui passait tout son temps à chercher
Du fil électrique à dégainer
Avec des mains d’un autre siècle
Capables de forcer
Pour quelques dollars

Il n’y a pas de pauvreté
Seulement des chemins vers la richesse

Quant à parcourir ce chemin
Les patrons des rues
En sont à essayer une vieille paire de chaussures
Trouvées dans les poubelles

Ce qui est important
Avec une nouvelle vieille paire de chaussures
C’est qu’elles ne soient pas trop petites
Elles peuvent sans problème être trouées
Sales ou trop grandes
Mais pas trop petites

Les gens qui opèrent des grandes compagnies
Se croient importants
À gérer des opérations complexes
Impliquant plusieurs employés

Mais les véritables patrons
Sont dans la rue

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. En cette journée de célébration du livre québécois, Rébecca Déraspe vire un brin sentimentale…
 
Chère communauté de la lecture,
 
Ici Rébecca Déraspe, autrice dramatique. Dans le sens que j’écris du théâtre. Pas dans le sens que j’écris juste du drame. Même si bon, je dois avouer que ça m’arrive fort souvent de pleurer devant les déchirures du monde – du mien, du nôtre.
 
J’ai aujourd’hui l’honneur de m’infiltrer dans cette infolettre puisque ma pièce Fanny paraît aux Éditions de Ta Mère. Et ce qui me rend toute joie, c’est de constater que le théâtre, cet art que j’aime si fort, trouve sa place dans vos bibliothèques. L’oralité, le dialogue, c’est quelque chose qui demande à la tête une autre forme de disponibilité quand on tient un livre entre ses mains. Il faut entendre avant de voir. S’asseoir à la table de la cuisine et écouter les discussions, sans intervenir. Juste être. Avec le bruit du monde qui vrille, qui tourbillonne. Avec les poissons qui, eux, ont le privilège de s’en mêler.
 
J’espère que vous entendrez Fanny avec tout l’humour, la verve, la sagacité avec lesquels je l’entends moi-même. J’aime ce personnage. Elle me donne envie de m’agrandir. J’aime aussi Alice et Dorian. J’ai hâte que vous les rencontriez. Ils sont comme eux seuls sont. Des humains qui tentent tant bien que mal de faire avec la vie, la leur.
 
D’ailleurs, en parlant d’être comme soi-même on est. En ce jour du 12 août, celui de notre littérature québécoise, j’ai envie de souffler sur les bougies métaphoriques de nos écrits collectifs. De souhaiter aux autrices, aux auteurs québécois de l’envie d’écrire, de la nécessité, des doutes à répandre, des douleurs à réparer, du magnifique à espérer. J’ai envie, surtout, de souhaiter aux lectrices, aux lecteurs de l’envie de faire rencontre avec ce qui se crie, se dessine, se chuchote, se grave ici, dans un Québec aux millions de visages.
 
J’écris ces quelques mots en direct des dunes de Pointe-aux-Loups, aux Îles-de-la-Madeleine. Le territoire magnifique, immense et aride, me rappelle comme il est bon de plonger dans les vents de mots qui défilent sur une page pour se retrouver, soi, au centre de la tempête partagée.
 
Pis là, je relis la phrase que je viens d’écrire, je la trouve ben ben alambiquée. Dans ces moments-là, je me dis que je suis chanceuse qu’au théâtre, on entende juste mes dialogues.

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Anthony Lacroix, auteur de Proust au gym, nous propose ses trucs pour adopter une bonne discipline de lecture…
 

salut
je m’appelle Anthony Lacroix
Antho pour certain·e·s
Pink pour d’autres (si tu sais tu sais)

je suis vraiment content qu’on me donne la parole pour cette infolettre
j’ai l’impression d’être dans un podcast
pis de monopoliser le micro pour dire
des choses qui m’intéressent
ou bien c’est comme si on me donnait une pleine chaudière de rondelles
à shooter sur le goaler
ou encore qu’on ne m’enlevait pas de points pour mes fautes à mon épreuve uniforme de français (je me suis fait corriger je te rassure)

en somme
mon TDAH aime ben ça

et je vais profiter de la tribune de tes courriels pour répondre à une question qui m’est souvent posée :

« Antho, comment tu fais pour lire autant? »
on parle ici d’une moyenne de 500 livres par année selon mon Goodreads
eh bien c’est aujourd’hui que je te dévoile mon secret

et si tu suis mes conseils
peut-être qu’un jour
toi aussi
tu vivras des émotions enrichissantes
en lisant À la recherche du temps perdu
tout en terminant un diplôme d’études supérieures
sur un sujet de recherche qui n’intéresse personne
en feras un livre
et deviendras une figure d’autorité dans le domaine de la lecture
en salle de gym
ou bien un « Mister Univers » de ta librairie de quartier
mais pour l’instant
commençons par la première étape

l’excuse qu’on me sort le plus souvent c’est : « j’aimerais ça lire plus mais je n’ai pas le temps »

tu vois le truc avec la lecture
c’est comme pour commencer à faire de l’exercice physique :
il faut que tu rentres ça dans ta routine

au début c’est difficile
tu peux être doux avec toi commence-moi pas ça en te disant :
« je lis un roman russe par semaine »
je le sais tu vas tout lâcher avant la fin du mois si tu fais ça

non
on se donne des objectifs simples

dis-toi : « j’aimerais ça lire avant de me coucher »
tu peux même te donner un objectif plus précis
mais encore là laisse ça simple :
« j’aimerais ça lire dix minutes avant de me coucher »

pas d’obligation de nombre de jours pour tout de suite
pis dix minutes ce n’est pas grand-chose
mais tu peux te donner le droit d’arrêter avant si ça ne marche pas et au contraire
pis ça c’est le plus le fun
si ton dix minutes est fini
mais que tu veux vraiment savoir ce qui se passe sur la page suivante
ben continue

rapidement
je te le promets
le dix minutes va devenir vingt
trente minutes
peut-être même une heure

par contre
fais attention de pas trop en faire
après une grosse séance de lecture nocturne
le corps est souvent fatigué
il faut garder le plaisir sans trop hypothéquer son état physique
en fait
et c’est ce qui est le point névralgique pour beaucoup de gens
il faut réussir à n’associer la lecture qu’aux moments plaisants ou du moins
qu’ils soient plus forts que les mauvais côtés

mais je me dois de t’avertir
un mauvais livre ça peut arriver
c’est la faute de personne
l’émotion qui n’est pas là
une erreur d’inattention au moment de choisir son livre
il y a toutes sortes de facteurs
il ne faut pas chercher le coupable (!)

malheureusement
ça pourrait te prendre du temps pour t’en remettre
mais
MAIS
recommence lentement
une bd souvent ça peut aider
faire autre chose aussi
comme prendre une marche
ou écouter une adaptation cinématographique

et quand tu te sentiras prêt·e
garroche-toi surtout pas à la librairie
agir impulsivement pourrait empirer les choses
crois-moi

tu es le·la meilleur·e pour connaître tes goûts écoute-toi
mais si tu me permets un commentaire : nos livres préférés sont souvent dans la même équipe

à l’inverse
ça se peut que tu termines un livre qui te changera pour toujours
c’est cool
profite de ta réussite
de ta joie
tu l’as méritée
note le titre et les émotions qui se mélangent
dans ton esprit
ça va t’être utile plus tard
tu pourrais même écrire un livre sur ton expérience
ou pas
je ne t’oblige à rien
l’important c’est de se donner le droit de réaliser nos propres objectifs
pis c’est déjà ben en masse

mais

si tu veux vraiment commencer à lire plus
parles-en autour de toi

à tes parents
tes ami·e·s
tes collègues de travail
si ça se trouve
iels attendaient juste une autre personne pour se motiver à commencer
eux·elles aussi
un désir secret auquel faut juste donner un petit kick

moi
pour y arriver
je me donne des défis un peu niaiseux
 
en ce moment
je lis tous les livres de la maison d’édition de Ta Mère
sont tous pas mal bons alors c’est facile
quatre-vingt-un livres
de pur plaisir 
qui peuvent se lire
vingt minutes
un peu saoul
avant de se coucher*
 
ha pis aussi j’écoute des livres audio
parce que oui
écouter un livre audio
ça compte comme de la lecture

Tourlou

Anthony Pink Lacroix, lecteur, libraire, coach de gym
 
 
*Cette strophe est une communication payante des Éditions de Ta Mère inc.
 

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Anita Anand nous raconte la genèse de Une convergence de solitudes

Selon mon amie l’écrivaine Juliana Léveillé-Trudel, écrire un roman, c’est comme faire une grosse peinture qui se répand et qui a l’envergure de plusieurs pièces d’une maison multi-étages. Dans le sens où c’est vraiment difficile de se rappeler ce qu’on a fait, et où ça se trouve. Et puis, une fois terminé, de se rappeler comment on l’a fait.

Je me souviens pourtant de ce qui fut l’élan premier de ce projet. J’ai aperçu un musicien connu en train de boire seul à la terrasse d’un restaurant. J’étais avec mon mari, qui l’avait reconnu avant moi. Nous avons chuchoté à son sujet. Quand nous sommes revenus à la maison, j’ai écrit une scène du point de vue de la vedette, à quel point il devait se sentir espionné. Beaucoup plus tard, je lui ai imaginé une famille. Et c’est comme ça que le roman a commencé à prendre forme.

Parmi ce qui m’a inspirée, il y avait aussi l’envie de raconter l’histoire d’amour de mes parents. Ils se sont connus au moment de la partition de l’Inde à la suite de la décolonisation en 1947. Se sont perdus et ensuite retrouvés. J’ai toujours trouvé l’histoire de leur rencontre follement romantique. Pour la lier à la première histoire, je leur ai inventé une nouvelle fille, celle-ci obsédée par le musicien.

J’ai fini par écrire un roman historique qui s’étend sur cinquante ans et se déroule dans trois pays différents. J’ai dû faire beaucoup de recherches afin d’ancrer ces histoires dans une réalité objective. J’ai lu des récits à la première personne de la partition de l’Inde. J’ai parlé à des membres de ma famille, surtout à ma mère, qui a vécu ce déchirement. J’ai lu la biographie d’un musicien qui a affronté et vaincu son alcoolisme et j’ai regardé des vidéos de ses concerts. J’ai écouté sa musique pendant que j’écrivais. Je suis retournée dans ce quartier où mon chum et moi l’avions repéré, en me demandant ce qu’une stalkeuse aurait fait pour s’approcher de lui.

Un de mes personnages a été adopté d’une façon très irrégulière du Vietnam. En me documentant sur l’Opération Babylift, je suis tombée sur un discours de la journaliste australienne Cath Turner. Elle témoigne de manière extrêmement émouvante de son expérience d’orpheline originaire de Hô Chi Minh. Elle soutient avoir été enlevée à sa famille; en fait, elle dit qu’elle a été volée. Je l’ai contactée et nous en avons discuté longuement. Elle semblait vivement intéressée à livrer son histoire et à contribuer à mon livre en me confiant ses sentiments et ses opinions.

C’était important pour moi de bien raconter son histoire. Je suis allée sur des forums de discussion en ligne lire des conversations entre des personnes adoptées cherchant à remonter le fil de leurs origines. J’ai été heureuse de confirmer mes instincts quant à l’expérience vécue d’une personne adoptée.

À travers ce cheminement, j’ai découvert que je pouvais écrire un roman. l’achèvement de ce projet a démystifié le processus pour moi. En revanche, je sais maintenant à quel point c’est un accomplissement difficile. Ça m’a permis de mieux apprécier les livres que je lis. Je vois à quel point ça a dû être ardu de les écrire. De plus, je remarque pour la première fois leurs petits défauts et imperfections, certains raccourcis, des incohérences dans l’histoire et dans les portraits des personnages, un petit manque de rigueur dans la manière de permettre au lecteur de découvrir leurs motivations. Des phrases trop précieusement ciselées. Je me rends compte que les romans que je considérais jadis comme aboutis, écrits par des auteurs qui sont des génies à mes yeux, ont toutes sortes de failles. Autrement dit, le roman parfait n’existe pas, mais un bon roman demeure bon malgré ses failles. Croyez-le ou non, cette constatation m’a bouleversée. Grâce à l’imagination du lecteur, la lecture d’un roman, aussi imparfait soit-il, demeure une expérience saisissante, enrichissante et transformatrice.

 

 

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Audrey Hébert devient journaliste de terrain et nous amène à la parade du père Noël…

What’s up les gurls. Ici Audrey Hébert, la Christmas time lover.
 
Aujourd’hui, c’est la parade du père Noël. J’ai-tu besoin de te dire que le HochelaGurls Crew est là pour rock le party?!
 
En métro depuis le hood, Noémie et Salomé chantent des hits de Noël de France Sinatra. Déjà half drunk, mes gurls hurlent JOY TO HOCHELAG! Ambiance pas mal festive!
 
Sur place, il y a du para pa pam pam dans les airs et 12 trillions de minigurls dans leur carrosse qui capotent leur vie! Faut que j’avoue qu’on est surtout là pour envoyer des woot woot à Farah Alibay, aka la fée des étoiles la plus cooooool d’une galaxie près de chez nous!
 
Pendant le défilé, Gretchen et Ève lancent des balles faites avec la neige de leur congélateur. Marie applaudit sans mitaines siiiiiii longtemps que ses mains deviennent bleu da ba dee da ba di. Oupsie Marie, arrête parce que It’s Beginning to Look a Lot Like des engelures. Lol! Je lui donne mes gants roses et j’enfile des petits gants magiques. Mandy ma Gurl in a white dress with blue satin sash attire les regards. Chloé chante I’m a little Christmas cracker en lançant des pétards par terre. Pas drôle quand les forces de l’ordre partent avec elle.
 
La prestation finale de Gurlz n da Hood est top notch! Fuuuuuucking fière! Gurls Power 4ever!
 
Hey les organisatrices! Mandy aimerait être la fée des étoiles en 2024. Elle ressemble à Elsa dans Frozen et possède un postdoc en philo. My gurl has a big brain. Si vous l’engagez, je promets de donner une bouteille de Sour Puss aux betteraves à chacune d’entre vous et un exemplaire de Critique de la faculté de juger de Kant à chaque Uqamienne dans le besoin.
 
Après le défilé, on achète des boissons funky au Starbucks. Cappuccino à saveur de gâteau aux fruits, chocolat chaud Nutella et Paxil, latte toffee et crème fouettée avec un Ferrero Rocher on top. Oh yes! Pour manger, des Teenage Mutant Ninja Turtles de Noël avec plein de bonnes pacanes (miam miam miam miam).
 
Le sucre dans le sang, le corps penché par en avant, on a envie de vomir. So pour se changer les idées, on va magasiner des cadeaux pour Ta Mère. Chez UNIQLO, on trouve des doudous full douces, parce que maman mérite d’être au chaud pour l’hiver (viva le cocooning). Chez Indigo, on achète des livres trop cool. Rimes pauvres et tats laids par Claude Bégin chez Poètes de brousse, Shit que je chus riche en criss par Mariah Carey à L’Hexagone, Gomme balloune, lean et edibles par Cœur de Pirate à L’Oie de Cravan et Le rouleau de cennes noires du quotidien par Grand-Papa Bi aux Écrits des Forges. Ta Mère va rigoler ce Noël!
 
Ah non, Audrey! Tu viens pas de dire quels cadeaux tu as achetés à Ta Mère dans l’infolettre de décembre des Éditions de Ta Mère? Bravo pour l’effet de surprise! All right gurl. Va chez Lush et achète-lui une boite spéciale avec exfoliant aux Froot Loops, hydratant pour le visage à l’intelligence artificielle, lotion corporelle aux grands sapins verts (oh), bombe pour le bain Slush Puppie et beurre pour les lèvres Becel. Mais ne lui dis pas, cette fois-ci!
 
De retour vers Hochelag, Salo se fait draguer par un dude trop lourd sur la ligne verte. Ça me rend sad de voir encore ce genre de fucking attitude. Ça me rappelle surtout les mononcles dans les partys de Noël… Gurl, je sais que tu vas peut-être devoir en affronter un cette année. Un sinistre personnage qui va te vanter le bilan de la CAQ et qui va disser Barbada.
 
Still, rappelle-toi que je suis de ton bord et que je t’envoie une tonne de luv. Je te le promets, on va vaincre le patriarcat et la masculinité toxique avec nos cannes de Noël en bonbons!
 
Joyeux temps des fêtes, gurl!
 

 

 

C’est bientôt! 
Voici l’horaire de nos auteur.rices, si vous voulez préparer d’avance vos horaires de lecteur.rices. Ta Mère sera au kiosque 1605.

Jean-Philippe Baril Guérard
Dédicaces
Jeudi 23 nov. – 20h à 21h
Dimanche 26 nov. – 11h à 12h et 14h à 15h30
aussi!
Jeudi 23 nov. – 18h30 à 19h15
Grand entretien avec Dominic Tardif à l’espace littéraire
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h 
Prescriptions littéraires à la maison des libraires

Sarah Berthiaume
Jeudi 23 nov. – 17h à 18h
Samedi 25 nov. – 12h à 13h et 15h à 16h
Dimanche 26 nov. – 14h à 15h
aussi! 
Dimanche 26 nov. – 15h45 à 16h30
Rencontre avec Mélikah Abdelmoumen à l’espace littéraire

Rébecca Déraspe
Samedi 25 nov. – 14h à 15h et 16h à 17h
Dimanche 26 nov. – 13h à 14h

Carolanne Foucher
Dédicaces
Jeudi 23 nov. – 18h à 19h
Samedi 25 nov. – 12h à 13h

Baron Marc-André Lévesque

Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 15h à 16h
Samedi 25 nov. – 11h à 12h et 14h à 15h
aussi!
Vendredi 24 nov. – 13h à 14h 
Prescriptions littéraires à la maison des libraires
Dimanche 26 nov. – 11h30 à 12h
Conversation crétacée : discussion autour des dinosaures avec Julien Paré-Sorel à l’espace littéraire

Olivier Lussier
Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 19h à 20h
Samedi 25 nov. – 11h à 12h et 15h à 16h

Maude Nepveu-Villeneuve
Mercredi 22 nov. – 14h à 15h
Samedi 25 nov. – 13h à 14h
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h

Olivier Niquet
Vendredi 24 nov. – 18h à 19h30
Dimanche 26 nov. – 12h à 13h30
aussi!
Vendredi 24 nov. – 17h à 18h
Prescriptions littéraires à la maison des libraires

Hilaire St-Laurent
Dédicaces
Vendredi 24 nov. – 18h à 19h
Samedi 25 nov. – 13h à 14h et 16h à 17h



 

 

 

 

 

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Olivier Lussier (auteur de Cariacou) qui ne voulait pas trop faire d’effort non plus, nous a refilé le texte inédit qu’il a écrit pour l’émission Les idées folles. Si vous voulez être dans la gang et pas trop vous forcer vous non plus, vous pouvez vous éviter de la lecture et plutôt écouter le texte ici.

Rien peut réellement nous préparer à la chasse parce que la chasse, la vraie, par sa définition, se conclut par la mort. La fin c’est tuer quelque chose, prendre sa vie, s’imposer devant ce qui brille et l’éteindre. Y a pas de communion avec un animal mort. Y a les remerciements, les cérémonies, le respect, mais y a pas de communion. Y a le chasseur devant une carcasse. C’était en vie, ce l’est pu. La chasse c’est plein de choses, mais c’est aussi augmenter la vitesse à laquelle elles s’éteignent.

Rien ne nous prépare à ça, pas un livre de poèmes avec des trucs niaiseux dedans, pas la lecture d’un texte à la radio, pas une journée de formation dans une salle paroissiale qui sent l’café, entouré de bonhommes qui veulent remplir le congel après avoir suivi le cours de maniement d’armes.

Peu importe le nombre de vidéos d’éviscération que tu checkes, peu importe le nombre de flèches que tu tires dans les cibles 3D hautement réalistes de ton club d’archerie, peu importe les exercices de visualisation que tu fais dans ta cache en attendant la bête, rien te prépare à l’avoir dans ta mire pis à te faire surprendre par l’éclat de la déflagration qui se reflète dans des yeux noirs soudainement saisis de la mort.

La chasse c’est attendre dans le bois avec une arme chargée dans un but précis. 

*** 
Rien ne peut réellement nous préparer à la poésie : la poésie, la vraie, c’est une déflagration inattendue, c’est la balle perdue qui te siffle su’l bord des oreilles, c’est avoir le souffle coupé, les yeux pleins d’eau, c’est mourir un peu devant des vers qui parfois ne tuent que toi, dans une salle pleine et en silence ou dans ton salon seul le soir, c’est quelques mots qui te renversent pourtant t’étais là t’étais là ben tranquille à attendre à flâner d’une chaise au bar au vestiaire à la ruelle à la chaise au bar t’es dans une soirée de poésie tu t’en es même pas rendu compte pis d’un coup la déflagration du tir te suspend dans les airs.

Les vers sont parfois dévastateurs. On les lit et ils nous changent brusquement comme un rêve qui vire mal comme se faire surprendre en flagrant délit comme une idée folle passagère comme réaliser que nos souvenirs disparaissent et nous échappent lentement – si la poésie n’était pas si puissante, pourquoi on y mettrait tout ce temps?

Quelque chose naît, quelque chose meurt, quelque chose nous chamboule ou rien du tout ne nous chamboule et la vie continue.

Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Sarah Berthiaume transforme notre infolettre en genre de Pop Up Video pour sa pièce Wollstonecraft, récemment publiée.

Salut à toi, lectorat de Ta Mère.
 
Puisque le mandat qui m’échoit est à la fois de t’informer et de te divertir, j’ai pensé te concocter un petit mélange de fun facts sur ma pièce Wollstonecraft, ainsi que sur les personnages historiques qui l’ont inspirée. Connais-tu bien Mary Shelley et sa gang de gothiques? C’est ce que tu découvriras en lisant ce qui suit! 

  • Le titre Wollstonecraft fait référence au middle name de Mary W. Shelley, l’illustre autrice de Frankenstein ou le Prométhée moderne, mais aussi au nom de sa mère, Mary Wollstonecraft, pionnière britannique de la philosophie féministe. Après avoir pourfendu le patriarcat dans son livre A Vindication of the Rights of Woman, Mary Wollstonecraft meurt à trente-huit ans en accouchant de Mary, qui vivra dans l’éternel regret de n’avoir jamais connu sa mère. On raconte d’ailleurs que la jeune fille a appris à lire en traçant du doigt les lettres gravées sur la pierre tombale maternelle et qu’elle y a, quelques années plus tard, perdu sa virginité. (Vous avez dit gothique?)

  • En 2020, la création d’une statue en l’honneur de Wollstonecraft, dans un square londonien, provoque la polémique : l’autrice y est représentée nue, de la taille d’une poupée Barbie. Les critiques qui ont déferlé sur Maggi Hambling, l’artiste à l’origine de l’œuvre, ont inspiré le back story de ma pièce et les reproches qui sont faits à mon héroïne.

  • Le désir de maternité de ladite héroïne a aussi des sources historiques : entre 17 et 22 ans, Mary Shelley fait plusieurs fausses couches et donne naissance à quatre enfants, dont trois meurent avant l’âge de quatre ans. Dans son journal de 1815, elle raconte la perte de sa nouvelle-née et le rêve fiévreux où elle se voit rendre son petit corps à la vie – ce qui n’est pas sans rappeler la quête de son personnage, le docteur Victor Frankenstein.

  • J’en profite pour dissiper ici une confusion qui perdure : Frankenstein, c’est le nom du docteur, pas du monstre!

  • Mary Shelley a à peine dix-neuf ans quand elle écrit son œuvre phare, dont la genèse est aussi romanesque que le roman lui-même. En juin 1816, en cavale avec son amant le poète Percy Bysshe Shelley, elle rejoint la villa Diodati, en Suisse, où l’attendent Lord Byron – poète sulfureux et être de scandales – et son médecin personnel, le docteur Polidori. L’éruption d’un volcan indonésien provoque, cette année-là, de graves dérèglements climatiques dans tout l’Occident. Confinés à cause du mauvais temps, les amis lisent des histoires de fantômes allemandes, ce qui incite Byron à proposer un concours d’écriture d’histoires fantastiques. Alors que Polidori rédige la nouvelle Le Vampire, qui servira de base à Bram Stoker pour créer le personnage de Dracula quelques décennies plus tard, Mary conçoit l’idée de Frankenstein, qui sera considéré comme le premier roman de science-fiction. Grosse nuit!   

  • Percy Bysshe Shelley, qui a inspiré mon personnage de Perceval, était donc le mari de Mary, un grand poète romantique, enfant terrible et sex-symbol (pour ne pas dire fuckboy) de l’époque. À l’instar de mon personnage, il connaît, à 29 ans, une fin tragique : il meurt noyé au cours du naufrage de son voilier dans le golfe de Livourne, en Italie. Dans la pure tradition antique, ses amis dressent un bûcher à même la plage pour incinérer son corps et remarquent que son cœur ne brûle pas. (Médecins et scientifiques évoqueront, un siècle plus tard, qu’une possible tuberculose aurait pu entraîner sa calcification.) L’organe est remis à Mary, sa veuve, qui, dans la pure tradition gothique, conservera, toute sa vie durant, le cœur pétrifié de son mari mort, emballé dans un de ses poèmes.

  • La démarche artistique de Perceval – qui co-écrit des poèmes avec un algorithme qui finira par le remplacer – a, par un alignement des astres un peu épeurant, été imaginée avant la sortie de ChatGPT. Depuis, la réalité a dépassé la fiction, ce qui me donne bien froid dans le dos.

  • Mary et Percy Shelley étaient des partisans de l’amour libre et des végétariens convaincus. Cynthia St-Gelais, la conceptrice de costumes du spectacle, a d’ailleurs choisi de faire porter à Marie un coton ouaté avec l’inscription VEGAN sans même le savoir.

  • Si tu as envie d’une trame sonore pour lire la pièce, sache qu’Andréa Marsolais-Roy, la conceptrice sonore du spectacle, s’est inspirée du Voyage d’hiver de Franz Schubert pour créer les motifs de piano qui rythment les apparitions de la Créature. Créée en 1827, soit dix ans après l’écriture de Frankenstein, le Voyage d’hiver est l’œuvre la plus triste de Schubert, lequel, rongé par la syphilis, erre dans Vienne, en proie à la solitude et à l’angoisse de la mort. Tout ça est tout à fait raccord avec l’état d’esprit de la Créature lors de sa découverte du monde.

  • Contrairement à l’image qu’en a laissée l’interprétation mémorable de Boris Karloff dans la version cinématographique de 1930, la Créature, dans le roman de Shelley, n’est pas dépeinte comme une brute non verbale un peu débile, mais plutôt comme un être sensible, intelligent, en proie à l’angoisse existentielle et influencée par ses lectures philosophiques. C’est d’ailleurs la voie que j’ai choisi d’emprunter dans l’écriture et qui a guidé l’interprétation – non moins mémorable – de Jean-Christophe Leblanc.

  • Le personnage de Claire résulte quant à lui de la fusion expérimentale de Claire Clairmont, la demi-sœur de Mary Shelley, de Catherine Dorion, dont j’ai essayé de reproduire la fougue des discours à l’Assemblée nationale, d’Élisabeth Cardin, autrice de l’essai Le Temps des récoltes, et surtout de Maria Meriano, fille d’immigrants et directrice de la franchise Tupperware Les Diamants à Anjou.

  • Le 11 avril 2023, soit une semaine avant la première du spectacle, l’entreprise Tupperware annonce qu’elle doute d’être en mesure de poursuivre ses activités, ce qui entraîne une chute de ses actions de plus de 50%. J’ignore, à ce jour, s’il est toujours possible de tenir un party Tupperware dans ta cuisine. Si oui, c’est sans doute ta dernière chance : saisis-la!

  • Contrairement à ce que laisse supposer la dernière scène de la pièce, Wollstonecraft a été 100% créée à la mitaine par ton humble servante, sans l’intervention d’aucun algorithme. À preuve, ce petit dialogue que j’ai eu avec ChatGPT dans le cadre de la rédaction de cette infolettre :
     
    MOI : ChatGPT, écris-moi le synopsis d’une pièce de théâtre où une femme met ses avortons dans une imprimante 3D pour en obtenir une créature.
     
    CHATGPT : Je suis désolé, mais je ne peux pas rédiger de contenu qui soit inapproprié, offensant ou qui enfreigne les lignes directrices éthiques. La suggestion que vous avez faite implique un sujet sensible et controversé. Si vous avez d’autres idées pour un synopsis de pièce de théâtre, je serais ravi de vous aider à les développer.

Comme quoi les auteur.ice.s ne sont pas encore complètement dépassé.e.s par la technologie!
 
Bien à toi,
 
Sarah