Infolettre #31
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Cette semaine, Maude Jarry nous parle du processus d’écriture de son premier roman, La mère des larves, et d’un tas d’affaires que Ta Mère trouve un peu dégueu…
Alors le voici le voilà, le roman que t’attendais pas pantoute : La mère des larves est enfin arrivé en librairie !
Je dois te confier que, quand j’ai commencé à le rédiger, je n’avais aucune estifie d’idée d’à quel point l’écriture d’un roman s’avérerait un processus long et fastidieux. En comparaison, c’est pas qu’écrire de la poésie, ça équivaut à se pogner le cul, mais oui, quand même un peu. Lorsque j’ai enfin remis la première version de ce roman à Maxime, mon éditeur, il s’est empressé de me féliciter : Bravo ! Mais t’as quatre histoires là-dedans. Là, va falloir que t’en choisisses rien qu’une.
J’ai donc passé près de trois ans à écrire — et surtout réécrire — ce livre, tellement qu’il en existe plus d’une quinzaine de versions. Il y a notamment celle où j’ai décidé de réécrire ma narration au complet à la première personne, celle où j’ai coupé quatre (!) personnages, ou encore celle où Sarah, ma protagoniste, a vu sa profession passer de caissière de banque à technicienne en santé animale ! Bref, des changements mineurs !
C’est un tantinet ardu de parler de La mère des larves sans rien divulgâcher de son intrigue, mais je t’ai tout de même concocté la liste des choses que tu risques de ne plus jamais percevoir de la même manière après en avoir terminé la lecture :
• Les perles de bain des années 90
• La Vierge Marie
• La butte du parc Pélican dans Rosemont
• Le Spa Eastman
• Les trompes de Fallope
• Les peaux de raisin
• Les Pap tests
• Les cercueils en métal
• Le vin nature
• Rihanna
• Les moutons
• Les narines d’un cadavre
• Le caca de chien
• Les pizzas pochettes
• Le Metaxa
La mère des larves, c’est aussi un livre super éducatif où tu auras l’occasion de bonifier ta culture générale et de booster tes aptitudes au Scrabble en y lisant des mots variés comme fistules oronasales, scapulaire, ascaris lombricoïde, kyrie, nématode, et tout un tas d’autres termes que je m’abstiendrai d’écrire ici pour ne rien te spoiler.
Ça m’amène à te lancer cet avertissement : toutes les personnes qui l’ont lu s’entendent pour dire que La mère des larves est un livre dont on google le contenu à ses risques et périls. Sache que, Ta Mère et moi-même, on se dédouane entièrement des cauchemars que tu pourrais faire ou de l’envie très forte qui pourrait te prendre de hurler à ta fenêtre si, au cours de ta lecture, tu avais le malheur de chercher certains termes dans ton navigateur internet. Si tu as l’audace de consulter ton moteur de recherche, sois bien conscient qu’une fois que les images se seront affichées à l’écran, tu ne pourras plus jamais les oublier. What has been seen cannot be unseen. Tiens-toi-le pour dit! :)
Québec, on s’en vient!
Cette année encore, Ta Mère sera bien entourée au Salon international du livre de Québec. Venez rencontrer nos auteur.rices! (Et oui, il nous reste des tattoos.)
Akena Okoko
Mercredi – 17h à 18h
Jeudi – 16h à 18h
Vendredi – 15h à 16h
Timothée-William Lapointe
Vendredi – 13h à 14h / 17h à 18h
Samedi – 12h à 13h / 15h30 à 17h
Carl Bessette
Vendredi – 14h à 15h / 18h à 19h
Samedi – 13h à 14h / 17h à 18h
Dimanche – 12h à 14h
Samuel Cantin
Vendredi – 16h à 17h
Maude Nepveu-Villeneuve
Samedi – 11h à 12h
François Ruel-Côté
Samedi – 14h à 15h30
Carolanne Foucher
Vendredi – 19h à 20h
Samedi – 11h à 12h
Maude Jarry
Samedi – 14h à 15h
Dimanche – 11h à 12h
Infolettre #30
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de
sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Cette semaine, Akena Okoko partage avec nous un texte inédit, écrit à l’origine pour son recueil Les cennes noires. On se souvient pu exactement de la raison pour laquelle le texte a été retiré du manuscrit; c’est mystérieux, la création… En tout cas. On l’aime beaucoup!
LES PATRONS
Il n’y a pas seulement les immeubles
Qui ont des propriétaires
Les rues aussi ont leurs propriétaires
Toutes les rues
Que nous avons habitées en ville
Étaient surveillées par un patron
Qui ne se tient jamais loin de son profit
Entre le dépanneur et son bureau
Son bureau était habituellement
Un endroit précis sur le trottoir
Ou sur les marches
D’une porte peu utilisée
À Montréal sur la rue Sicard par exemple
Qui porte le nom de l’inventeur de la souffleuse
Le patron était en poste si tôt le matin
Qu’il semblait ne pas avoir dormi de la nuit
Peut-être était-ce à cause
Du gallon de Coke qu’il buvait tous les jours ?
L’hiver le froid le soufflait
Vers on ne sait trop où
Puis il reprenait le contrôle de sa rue
D’avril à novembre
Les patrons sont souvent
Des vieux hommes assis
Barbus et grisonnants
Dont on ne pourrait dire
S’ils ont eu une autre vie avant
Sinon une femme debout
À l’intersection
Qui n’a pas revu son enfant
Depuis le gros party du bogue de l’an 2000
Leur regard à la fois profond et effacé
Vous donne l’impression
D’être devant un miroir
Celui de la 2e rue à Limoilou
Était un bizouneur
Qui passait tout son temps à chercher
Du fil électrique à dégainer
Avec des mains d’un autre siècle
Capables de forcer
Pour quelques dollars
Il n’y a pas de pauvreté
Seulement des chemins vers la richesse
Quant à parcourir ce chemin
Les patrons des rues
En sont à essayer une vieille paire de chaussures
Trouvées dans les poubelles
Ce qui est important
Avec une nouvelle vieille paire de chaussures
C’est qu’elles ne soient pas trop petites
Elles peuvent sans problème être trouées
Sales ou trop grandes
Mais pas trop petites
Les gens qui opèrent des grandes compagnies
Se croient importants
À gérer des opérations complexes
Impliquant plusieurs employés
Mais les véritables patrons
Sont dans la rue
Infolettre #29
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. En cette journée de célébration du livre québécois, Rébecca Déraspe vire un brin sentimentale…
Chère communauté de la lecture,
Ici Rébecca Déraspe, autrice dramatique. Dans le sens que j’écris du théâtre. Pas dans le sens que j’écris juste du drame. Même si bon, je dois avouer que ça m’arrive fort souvent de pleurer devant les déchirures du monde – du mien, du nôtre.
J’ai aujourd’hui l’honneur de m’infiltrer dans cette infolettre puisque ma pièce Fanny paraît aux Éditions de Ta Mère. Et ce qui me rend toute joie, c’est de constater que le théâtre, cet art que j’aime si fort, trouve sa place dans vos bibliothèques. L’oralité, le dialogue, c’est quelque chose qui demande à la tête une autre forme de disponibilité quand on tient un livre entre ses mains. Il faut entendre avant de voir. S’asseoir à la table de la cuisine et écouter les discussions, sans intervenir. Juste être. Avec le bruit du monde qui vrille, qui tourbillonne. Avec les poissons qui, eux, ont le privilège de s’en mêler.
J’espère que vous entendrez Fanny avec tout l’humour, la verve, la sagacité avec lesquels je l’entends moi-même. J’aime ce personnage. Elle me donne envie de m’agrandir. J’aime aussi Alice et Dorian. J’ai hâte que vous les rencontriez. Ils sont comme eux seuls sont. Des humains qui tentent tant bien que mal de faire avec la vie, la leur.
D’ailleurs, en parlant d’être comme soi-même on est. En ce jour du 12 août, celui de notre littérature québécoise, j’ai envie de souffler sur les bougies métaphoriques de nos écrits collectifs. De souhaiter aux autrices, aux auteurs québécois de l’envie d’écrire, de la nécessité, des doutes à répandre, des douleurs à réparer, du magnifique à espérer. J’ai envie, surtout, de souhaiter aux lectrices, aux lecteurs de l’envie de faire rencontre avec ce qui se crie, se dessine, se chuchote, se grave ici, dans un Québec aux millions de visages.
J’écris ces quelques mots en direct des dunes de Pointe-aux-Loups, aux Îles-de-la-Madeleine. Le territoire magnifique, immense et aride, me rappelle comme il est bon de plonger dans les vents de mots qui défilent sur une page pour se retrouver, soi, au centre de la tempête partagée.
Pis là, je relis la phrase que je viens d’écrire, je la trouve ben ben alambiquée. Dans ces moments-là, je me dis que je suis chanceuse qu’au théâtre, on entende juste mes dialogues.
Infolettre #28
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Anthony Lacroix, auteur de Proust au gym, nous propose ses trucs pour adopter une bonne discipline de lecture…
salut
je m’appelle Anthony Lacroix
Antho pour certain·e·s
Pink pour d’autres (si tu sais tu sais)
je suis vraiment content qu’on me donne la parole pour cette infolettre
j’ai l’impression d’être dans un podcast
pis de monopoliser le micro pour dire
des choses qui m’intéressent
ou bien c’est comme si on me donnait une pleine chaudière de rondelles
à shooter sur le goaler
ou encore qu’on ne m’enlevait pas de points pour mes fautes à mon épreuve uniforme de français (je me suis fait corriger je te rassure)
en somme
mon TDAH aime ben ça
et je vais profiter de la tribune de tes courriels pour répondre à une question qui m’est souvent posée :
« Antho, comment tu fais pour lire autant? »
on parle ici d’une moyenne de 500 livres par année selon mon Goodreads
eh bien c’est aujourd’hui que je te dévoile mon secret
et si tu suis mes conseils
peut-être qu’un jour
toi aussi
tu vivras des émotions enrichissantes
en lisant À la recherche du temps perdu
tout en terminant un diplôme d’études supérieures
sur un sujet de recherche qui n’intéresse personne
en feras un livre
et deviendras une figure d’autorité dans le domaine de la lecture
en salle de gym
ou bien un « Mister Univers » de ta librairie de quartier
mais pour l’instant
commençons par la première étape
l’excuse qu’on me sort le plus souvent c’est : « j’aimerais ça lire plus mais je n’ai pas le temps »
tu vois le truc avec la lecture
c’est comme pour commencer à faire de l’exercice physique :
il faut que tu rentres ça dans ta routine
au début c’est difficile
tu peux être doux avec toi commence-moi pas ça en te disant :
« je lis un roman russe par semaine »
je le sais tu vas tout lâcher avant la fin du mois si tu fais ça
non
on se donne des objectifs simples
dis-toi : « j’aimerais ça lire avant de me coucher »
tu peux même te donner un objectif plus précis
mais encore là laisse ça simple :
« j’aimerais ça lire dix minutes avant de me coucher »
pas d’obligation de nombre de jours pour tout de suite
pis dix minutes ce n’est pas grand-chose
mais tu peux te donner le droit d’arrêter avant si ça ne marche pas et au contraire
pis ça c’est le plus le fun
si ton dix minutes est fini
mais que tu veux vraiment savoir ce qui se passe sur la page suivante
ben continue
rapidement
je te le promets
le dix minutes va devenir vingt
trente minutes
peut-être même une heure
par contre
fais attention de pas trop en faire
après une grosse séance de lecture nocturne
le corps est souvent fatigué
il faut garder le plaisir sans trop hypothéquer son état physique
en fait
et c’est ce qui est le point névralgique pour beaucoup de gens
il faut réussir à n’associer la lecture qu’aux moments plaisants ou du moins
qu’ils soient plus forts que les mauvais côtés
mais je me dois de t’avertir
un mauvais livre ça peut arriver
c’est la faute de personne
l’émotion qui n’est pas là
une erreur d’inattention au moment de choisir son livre
il y a toutes sortes de facteurs
il ne faut pas chercher le coupable (!)
malheureusement
ça pourrait te prendre du temps pour t’en remettre
mais
MAIS
recommence lentement
une bd souvent ça peut aider
faire autre chose aussi
comme prendre une marche
ou écouter une adaptation cinématographique
et quand tu te sentiras prêt·e
garroche-toi surtout pas à la librairie
agir impulsivement pourrait empirer les choses
crois-moi
tu es le·la meilleur·e pour connaître tes goûts écoute-toi
mais si tu me permets un commentaire : nos livres préférés sont souvent dans la même équipe
à l’inverse
ça se peut que tu termines un livre qui te changera pour toujours
c’est cool
profite de ta réussite
de ta joie
tu l’as méritée
note le titre et les émotions qui se mélangent
dans ton esprit
ça va t’être utile plus tard
tu pourrais même écrire un livre sur ton expérience
ou pas
je ne t’oblige à rien
l’important c’est de se donner le droit de réaliser nos propres objectifs
pis c’est déjà ben en masse
mais
si tu veux vraiment commencer à lire plus
parles-en autour de toi
à tes parents
tes ami·e·s
tes collègues de travail
si ça se trouve
iels attendaient juste une autre personne pour se motiver à commencer
eux·elles aussi
un désir secret auquel faut juste donner un petit kick
moi
pour y arriver
je me donne des défis un peu niaiseux
en ce moment
je lis tous les livres de la maison d’édition de Ta Mère
sont tous pas mal bons alors c’est facile
quatre-vingt-un livres
de pur plaisir
qui peuvent se lire
vingt minutes
un peu saoul
avant de se coucher*
ha pis aussi j’écoute des livres audio
parce que oui
écouter un livre audio
ça compte comme de la lecture
Tourlou
Anthony Pink Lacroix, lecteur, libraire, coach de gym
*Cette strophe est une communication payante des Éditions de Ta Mère inc.
Un GG pour Sarah Berthiaume!
Grande nouvelle: Wollstonecraft, de Sarah Berthiaume, remporte le Prix littéraire du Gouverneur général 2024 dans la catégorie théâtre. Ta Mère est infiniment fière!
Deux lancements pour Proust au gym!
16 avril, 17h30, Rimouski:
Anthony Lacroix est très heureux de vous accueillir au gym Santé 2000 pour la sortie de PROUST AU GYM! Venez écouter une discussion animée par Martin Robitaille, en plus de faire dédicacer votre copie du livre, de boire un verre et de faire quelques push-ups!
Lancement de Proust au gym au Gym Santé 2000
2 mai, 17h00, Sherbrooke:
Ta Mère et Anthony Lacroix sont très heureux de vous accueillir à la librairie Appalaches pour célébrer la sortie de PROUST AU GYM! Venez écouter une discussion animée par le très musclé (de la voix) Felix Morin et faire des concours de redressements assis en plus de faire dédicacer votre copie du livre par l’auteur!
Lancement sherbrookois de Proust au gym!
Infolettre #27
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.trice.s. Aujourd’hui, Anita Anand nous raconte la genèse de Une convergence de solitudes…
Selon mon amie l’écrivaine Juliana Léveillé-Trudel, écrire un roman, c’est comme faire une grosse peinture qui se répand et qui a l’envergure de plusieurs pièces d’une maison multi-étages. Dans le sens où c’est vraiment difficile de se rappeler ce qu’on a fait, et où ça se trouve. Et puis, une fois terminé, de se rappeler comment on l’a fait.
Je me souviens pourtant de ce qui fut l’élan premier de ce projet. J’ai aperçu un musicien connu en train de boire seul à la terrasse d’un restaurant. J’étais avec mon mari, qui l’avait reconnu avant moi. Nous avons chuchoté à son sujet. Quand nous sommes revenus à la maison, j’ai écrit une scène du point de vue de la vedette, à quel point il devait se sentir espionné. Beaucoup plus tard, je lui ai imaginé une famille. Et c’est comme ça que le roman a commencé à prendre forme.
Parmi ce qui m’a inspirée, il y avait aussi l’envie de raconter l’histoire d’amour de mes parents. Ils se sont connus au moment de la partition de l’Inde à la suite de la décolonisation en 1947. Se sont perdus et ensuite retrouvés. J’ai toujours trouvé l’histoire de leur rencontre follement romantique. Pour la lier à la première histoire, je leur ai inventé une nouvelle fille, celle-ci obsédée par le musicien.
J’ai fini par écrire un roman historique qui s’étend sur cinquante ans et se déroule dans trois pays différents. J’ai dû faire beaucoup de recherches afin d’ancrer ces histoires dans une réalité objective. J’ai lu des récits à la première personne de la partition de l’Inde. J’ai parlé à des membres de ma famille, surtout à ma mère, qui a vécu ce déchirement. J’ai lu la biographie d’un musicien qui a affronté et vaincu son alcoolisme et j’ai regardé des vidéos de ses concerts. J’ai écouté sa musique pendant que j’écrivais. Je suis retournée dans ce quartier où mon chum et moi l’avions repéré, en me demandant ce qu’une stalkeuse aurait fait pour s’approcher de lui.
Un de mes personnages a été adopté d’une façon très irrégulière du Vietnam. En me documentant sur l’Opération Babylift, je suis tombée sur un discours de la journaliste australienne Cath Turner. Elle témoigne de manière extrêmement émouvante de son expérience d’orpheline originaire de Hô Chi Minh. Elle soutient avoir été enlevée à sa famille; en fait, elle dit qu’elle a été volée. Je l’ai contactée et nous en avons discuté longuement. Elle semblait vivement intéressée à livrer son histoire et à contribuer à mon livre en me confiant ses sentiments et ses opinions.
C’était important pour moi de bien raconter son histoire. Je suis allée sur des forums de discussion en ligne lire des conversations entre des personnes adoptées cherchant à remonter le fil de leurs origines. J’ai été heureuse de confirmer mes instincts quant à l’expérience vécue d’une personne adoptée.
À travers ce cheminement, j’ai découvert que je pouvais écrire un roman. l’achèvement de ce projet a démystifié le processus pour moi. En revanche, je sais maintenant à quel point c’est un accomplissement difficile. Ça m’a permis de mieux apprécier les livres que je lis. Je vois à quel point ça a dû être ardu de les écrire. De plus, je remarque pour la première fois leurs petits défauts et imperfections, certains raccourcis, des incohérences dans l’histoire et dans les portraits des personnages, un petit manque de rigueur dans la manière de permettre au lecteur de découvrir leurs motivations. Des phrases trop précieusement ciselées. Je me rends compte que les romans que je considérais jadis comme aboutis, écrits par des auteurs qui sont des génies à mes yeux, ont toutes sortes de failles. Autrement dit, le roman parfait n’existe pas, mais un bon roman demeure bon malgré ses failles. Croyez-le ou non, cette constatation m’a bouleversée. Grâce à l’imagination du lecteur, la lecture d’un roman, aussi imparfait soit-il, demeure une expérience saisissante, enrichissante et transformatrice.